Lundi 16 mars – À la maison (et pour longtemps)

Cher corona,

Je ne te dis pas merci. La rumeur court. Et on la voit arriver à des kilomètres. La rumeur, c’est le confinement général. Tout le monde le pense, mais personne ne le dit haut et fort. Du coup, à la maison, on anticipe notre futur huis-clos.  J’ai pris mon courage à deux mains, soufflé un grand coup, oublié mes grands principes féministes et… envoyé monsieur faire les courses. Les courses. Tout seul. Tout seul comme un grand.

C’est comme ça, à chacun son époque !

Bon après, quand on est parent, faire les courses seul, c’est presque un soulagement. On t’avoue que les virées au supermarché en famille sont rarement une partie de joyeusetés. Et voilà que ça s’accroche au caddy, que ça sort du caddy, que ça veut retourner dans le caddy, que ça réclame des smarties, que ça chamaille dans le rayon des surgelés, dans le rayon des pâtes, dans le rayon des légumes… T’as compris, rayon parentalité, je ne suis pas la reine de l’autorité !

C’est comme ça, à chacun son époque !

En ce lundi matin, monsieur est donc parti seul faire les courses. Jamais je n’aurai imaginé que cette scène quotidienne puisse se transformer en fresque épique. Badigeonné de gel hydroalcoolique et écharpe sur le nez, il est parti l’air conquérant comme s’il partait à la guerre. Une guerre en caddie, sans se toucher pour un paquet de pâtes et des rouleaux de PQ, ça a quand même moins de gueule.

En Pénélope inquiète, j’ai guetté bêtement son retour. Quant à mon Ulysse, loin de conquérir la toison, il est rentré avec trois briques de jus d’oranges et des brioches tranchées (y’avait plus que cela !), dont il a soigneusement désinfecté chaque emballage. Le soir même, la rumeur qui courait a été confirmée !

Vraiment, à chacun son époque ! Et je ne te dis pas merci.