Dimanche 5 avril

Confinement : J20

Ressenti : jamais

Cher corona,

Je t’avais oublié. Il faisait beau : le soleil était radieux, les températures douces et même que « ça cognait au soleil ». On a enlevé les voiles de protection des arbustes, sorti les coussins du salon de jardin et balayé la terrasse. On a aussi fait le tour du jardinier en confirmant que je n’ai pas la main verte, mais que ça n’a pas empêché le printemps de revenir.

Je t’avais oublié. On se serait cru au milieu des vacances. Ça sentait bon les grillades au barbecue et la pelouse fraîchement coupée. On entendait la musique du jeune du quartier (je confirme mes goûts has-been), la voisine râler (merci, je ne suis pas seule) et les gamins d’à côté jouer au ballon (sans se bagarrer, eux).

Je t’avais oublié. Les copains ont envoyé des photos de barbecue. Je me suis dit qu’il fallait acheter du charbon de bois. Les copains ont envoyé des photos de leur potager. Je me suis dit que je devais acheter de nouvelles plantes pour remplacer ceux qui ont cramées.

Je t’avais oublié. Jusqu’à ce que j’entende les voisins applaudir. Un applaudissement venu du bout du jardin. Un applaudissement timide d’abord, accompagné des klaxons des rares voitures qui circulent. Avec mon arrosoir à la main au milieu de mon jardin dans mon quotidien, je me suis sentie bête de t’avoir oublié, de ne pas avoir osé applaudir à mon tour, d’avoir la chance d’avoir un jardin.

Je t’avais oublié. Et je t’invite à nous oublier à ton tour, tu vas voir, ça fait du bien !