Journal d’une confinée #30 : l’extraordinaire dans l’ordinaire
Mercredi 15 avril
Confinement : J30 // Ressenti : en apesanteur
Cher corona,
Les enfants sont formidables. Ils arrivent toujours à voir l’extraordinaire dans l’ordinaire : un bonhomme sourire dans une crème glacée, un nuage chien dans le ciel, un mot magique dans leur soupe, une blague dans un Carambar. « T’as vu ça maman, c’est trop rigolo ! », explosent-elles avec joie. Et peu leur importent la crise mondiale, les mauvaises nouvelles ou les soucis d’adulte, même ceux qui nous donnent des rides au coin des yeux.
Alors, autant les enfants voient l’extraordinaire dans notre ordinaire, autant elles dénichent la catastrophe dans leur quotidien. Tu sais : la petite sœur qui pique le collier à paillettes qui en plus était son préféré ; ou la plus grande qui chope le crayon dont sa sœur avait besoin pour finir son coloriage. Ce sont peut-être des détails pour nous pour elles ça veut dire beaucoup.Et peu leur importe qu’en tant que parent on ait l’air idiot à dire des phrases improbables du genre « tu sors ta sœur de cette caisse, tu lui rends croco le dino et tu remets le pantalon de Ken ».
Les enfants sont formidables et on ne leur dit pas assez. Depuis le début de cette crise, les filles ont toujours gardé le sourire. À l’annonce du confinement, elles n’ont presque pas bronché. Et pourtant, elles aussi, elles ont abandonné des projets qui leur tenaient à coeur : le voyage scolaire organisé depuis la rentrée, la compétition sportive, le spectacle de la chorale, l’anniversaire de leur cousine… Elles subissent ma paranoïa de la prise de température, mon angoisse du lavage de mains et ma crise du rangement permanent. Elles sont contraintes de ne plus voir les copains, de ne voir les grands-parents que derrière un écran, de faire l’école à la maison sans faire de fautes… Et pourtant tous les jours, elles me disent en allant se coucher : « c’était une super journée, ma maman d’amour ». Et quand elles voient que je m’inquiète pour la reprise de l’école, elles me répondent : « ça va être rigolo si on porte un masque à l’école, je pourrai en choisir un avec des fleurs. ». Et voilà, c’est cela un enfant : détecter l’extraordinaire dans notre ordinaire.
Les enfants sont formidables. Et c’est pour cela aussi qu’ils nous sont si précieux. Et je ne dis pas ça parce que le mercredi, c’est le jour des enfants !
Allez, pyjama, couché !
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Adorable !