Journal d’une confinée #47 : des larmes de pluie
Samedi 2 mai
Confinement : j47 / ressenti : no comment
Cher corona,
Il pleut. Il pleut des larmes de pluie. Moi, je ne trouve pas que c’est joli, la pluie. Surtout aujourd’hui. Je pense que mon bel optimisme et mon éternel sourire sont en train de « fuir ».
Monsieur a choisi ce jour de pluie pour rester cloué au lit. Oh, t’inquiète, on n’a pas pensé que c’était toi. Plutôt à un truc interne pas très fun, mais pas très grave non plus. Je me suis transformée en mademoiselle du téléphone. Médecin traitant, sos médecin, médecin de garde, copain médecin… Grâce à toi, personne ne vient. Au mot « ambulance », monsieur a eu un regain de vitalité. Veni, vidi, vici. Finalement rien de grave : après un périple aux urgences à deux rideaux de toi, il est revenu clopin-clopant victorieux…. En fait, il est juste devenu vieux.
Il pleut. Il pleut des larmes de pluie. Moi, je n’ai aucune envie. Ranger, pas envie. Nettoyer, pas envie. Travailler, pas envie. Cuisiner, pas envie. Manger, pas envie. Alors, pour me déprimer encore plus, j’ai choisi de ranger les papiers de la maison. Et pour ta gouverne, c’est vachement long. Tu savais que j’avais encore des vieux tickets de 2018 ? J’étais ravie de savoir que le 6 juin, je suis allée dans un magasin de fripes pour y dépenser 20 euros. Finalement, le tri par le vide, ça m’a un peu coulé.
Il pleut. Il pleut des larmes de pluie. Moi, je me sens un peu dépassée. La plus petite a passé sa journée à chanter « coronavirus, restez chez vous et appelez votre médecin ». J’hésite entre lui couper la télé ou l’inscrire à la fac de médecine. Les plus grandes ont écouté des musiques inconnues à mon bataillon musical. J’hésite entre leur faire l’intégrale de la chanson française ou refaire ma culture.
Il pleut. Il commence même à faire froid ici. Heureusement que même de loin, il y a les amis et la famille. Alors, j’entends le clapotis du déconfinement sous la pluie. Bref, il pleut.
Comments
oh ! tu nous émeus … peut-être le blues de la pluie qui est plus supportable quand on peut recevoir notre famille, petites, grands et plus âgées… Et avouons-le, c’est le reflet de notre état actuel entre joie d’être au moins deux et profiter de nous deux tout simplement… et tristesse d’être loin, même à 5 – 20 mn de nos proches… T’as raison, quel temps de mélancolie… !!!
On sent ta déprime arriver depuis quelques jours déjà. Le passage sur les chants de tes filles m’a fait rire. Ca va aller, on a la santé. C’est long, oui, c’est très long pour nous, petits indépendants en manque de liberté car c’est cela être, c’est être libre. COurage. Biz. Merci pour ces petits plaisirs de lecture.