Journal d’une confinée #52 : au secours, lessivez-moi
Jeudi 7 mai
Confinement : j52 / ressenti : un Himalaya de linge à plier
Cher corona,
Ce confinement me lessive. Y’a des jours où je me demande vraiment si je ne suis pas en train de me faire avoir. Comme un bleu. Y’a des jours où je me demande vraiment si je ne suis pas en train de me faire avoir. Par le linge.
Je le vois là, il me regarde de son bac en vrac. Partout où je vais dans la maison, il me regarde de son bac, soit je dois le plier, soit je dois le ranger, soit je dois le laver. Et c’est sans fin. C’est une spirale infernale proche du harcèlement. Je ne sais pas comment je peux appeler cela : du harcèlement lessivable ? Du harcèlement ménager ?
Je suis persuadée qu’il a en plus amené des potes avec lui. Parce que vu le volume, je dois certainement laver aussi celui du voisin, de toute sa famille et même de tout le quartier. Ce n’est pas possible autrement.
Oh, en plus ce coquin de linge, il a des alliés au sein même de mon foyer. Des petites mains qui mettent en vrac dans ce bac à vrac des pantalons à peine portés où l’on voit encore les chaussettes, des T-shirts avec du chocolat ou des gilets mis dans le bac car c’est plus facile que de les ranger. Je suis sûre que le linge m’en veut personnellement, parce que monsieur arrive à passer devant sans grand tourment.
Y’a un moment je finis par céder : je le plie, je le lave, je le range. Et là, je sens bien que je suis en train de me faire avoir. Avoir comme une bleue. Avoir par mon linge. Vraiment, ce confinement me lessive. Et ce n’est pas mon aspiro traineau, le petit chouchou du foyer, qui te dira le contraire.