Journal d'une confinée

Journal d’une confinée #14 : back to the future, nom de Zeus

Lundi 30 mars 2020 – à la maison (enfin je pense)

Confinement : J14

Ressenti : après ou avant Jésus-Christ

Cher corona,

Mais qu’est-ce que tu as fait au temps qui passe ? On ne sait plus trop si on est lundi ou jeudi, si c’est le matin ou l’après-midi, si c’est le repas du midi ou du soir, si on va bientôt manger (ah ça, si, on le sait !). Ce matin, les filles ont dit : « quoi, on a des devoirs aujourd’hui ? ». Cet après-midi, monsieur s’est exclamé « quoi, on est encore lundi ?! ». Et ce soir, la plus petite a pleurniché : « on ne peut pas aller dormir, c’est encore l’après-midi ! ». Non, mais dis-moi qu’est-ce que tu as fait au temps qui passe ?

Bon, je vais être flairplay. Le changement d’heure ne nous aide pas. Et le temps qui passe n’était déjà pas trop bien géré à la maison. Entre les activités des petits, les activités des grands, les devoirs des petits, les sorties des grands, le boulot de l’un, le boulot de l’autre, le sport et autres joyeusetés… En temps ordinaire, le temps a tendance à passer plus vite que les normes imposées par le dieu Chronos. En deux clignements d’yeux, j’ai l’impression de passer du matin à l’après-midi.

La perception du temps est une chose bien particulière, quand même. Quand on est petit, on se rappelle de longues après-midis à dire que l’on s’ennuie. Les vacances d’été paraissaient très longues, le jour de notre anniversaire toujours trop loin et les dodos jusqu’au Père Noël tellement nombreux. Aujourd’hui, on prépare Noël à la rentrée, on doit déjà partir alors qu’on vient d’arriver. Un jour, ma mère m’a dit (et tout ce que dis une maman est parole sacrée) : « plus tu vieillis, plus ça passe vite ». Je me dis que je dois commencer à me faire vieille désormais.

En période de confinement, la notion au temps est complètement distordue, nom de Zeus. Le soleil brille, on a le sentiment d’être en plein été en vacances à la maison et que l’école est finie. Et l’instant d’après, on prend conscience qu’on n’est qu’au début du printemps, en pleine période scolaire et qu’on est peut-être un peu à la bourre sur nos projets. On a l’impression d’être confiné depuis des lustres, mais à la fois le sentiment que c’était hier.

Quant à moi, en période de confinement, je suis un peu à la recherche du temps perdu. Je vois passer des articles avec des titres du genre « pour ceux qui s’ennuient… », « maintenant que vous avez le temps… », « 10 trucs à faire pendant le confinement » … Moi du temps je n’ai jamais l’impression d’en avoir assez. Et je me lance toujours dans des missions où il en faut trop. C’est comme cela. Je dois avoir un problème avec Chronos finalement.

En tous cas, je repensais aux formations sur la gestion du temps suivies dans un autre temps. Ça fait bien longtemps que j’ai abandonné l’histoire des gros cailloux en premier et des grains de sable en dernier (je suis sûre que certains voient de quoi je parle). Moi, en ce moment, je n’ai que des gros cailloux. Et si c’était l’occasion de se concentrer sur les grains de sable ?  De prendre le temps de prendre le temps si on en n’a trop. De prendre le temps de lâcher prise si on en n’a pas assez. Et si ce n’est pas aujourd’hui, ça sera peut-être demain. Nom de Zeus !

La rédac' en basket

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