Journal d'une confinée

Journal d’une confinée #15 : seul à seul

Mardi 31 mars – dans ma bulle

Confinement : J15

Ressenti : abyssal

Cher corona,

Tu nous fais traverser une drôle de crise ou une drôle de guerre, selon la façon de vivre les choses. Y’a eu les crises économiques, les crises financières, les crises mondiales, les crises locales, les crises pétrolières, les crises familiales, les crises meurtrières… Aujourd’hui, nous avons le droit à un peu tout cela à la fois. Je ne fais pas trop ma maligne, j’ai bien trop peur des conséquences sur aujourd’hui et sur demain.

Avec toi, on vit une crise à l’image de notre société : une crise de la solitude, du repli chez soi, du « chacun pour soi et covid pour tous ». Se parler à un mètre de distance minimum, ne pas pouvoir embrasser les siens, entendre que les plus fragiles meurent sans leurs proches pour leur tenir la main, laisser les autres aller au front en croisant les doigts pour qu’il ne leur arrive rien, se parler derrière du plexiglas, ne plus regarder son voisin, faire ses courses sans contact humain, ne plus promener à l’extérieur en famille, ne pas croiser ses collègues… C’est ça la crise d’aujourd’hui, une crise de la solitude. Et on n’en voit, pour le moment, pas trop la fin.

Mais qui dit solitude ne dit pas isolement. Heureusement que cette crise n’est pas arrivée au début des années 90. On aurait eu l’air bien avec nos 6 chaînes généralistes, nos téléphones avec fil, nos tatoos à la ceinture « attends, faut que je rappelle mamie dès que t’as raccroché…. Ah ok tu prends après la ligne avec le minitel »… Bon, on aurait pu lire, mais la solitude aurait un peu plus rimé avec isolement.

Aujourd’hui à l’ère du tout-connecté, ma vie sociale n’a jamais été aussi chargée. Entre les apéro-skype, les goûters-skype, les réunions-skype, les coucou-skype, les conversations Whatsapp, les réseaux sociaux, j’en passe et des meilleurs… On est tous chez soi, mais tous ensemble.  Sur les conversations Whatsapp de l’école, 150 messages par jour donnent des nouvelles des petits copains, des activités de chacun, des goûters, des poésies récitées… Merde, en fait, ce sont mes enfants qui ont une vie sociale plus remplie que la mienne ?

Je pense à ceux qui sont seuls, à ceux qui se sentent seuls, à ceux qui ne sont pas connectés, à ceux qui sont mal connectés, à ceux qui sont sur le terrain… Seuls dans notre monde, mais pas seul au monde, ouf.

La rédac' en basket

hello@laredacenbasket.fr

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