Samedi 14 mars – Ailleurs

Cher corona,

Hier soir, je suis sortie alors que je sais que tu rôdes. Même pas peur, même si j’ai un peu peur quand même. T’inquiète, la sortie était sans les enfants : on sent le vent venir, les écoles sont fermées, les poussins sont dans le nid.

Grâce à toi, j’ai eu l’impression de vivre la dernière soirée de ma vie. Un peu comme le dernier repas du condamné, en plus sympa quand même avec de la musique et des copains.

Bon, la fête n’avait pas la même chaleur que d’habitude. On rentre main dans les poches et on se parle à distance. Une épidémie menaçante, ça vous épargne les bisous, mais ça crée du lien autour d’un savon antibactérien.

Peu importe, on était moins de 50 (t’inquiète, j’ai compté), on était à un mètre de distance (j’ai compté aussi). Bref, on était là et on était bien.

Quand on a appris aux douze coups de minuit que tout fermait, on a ri jaune et on s’est promis une prochaine grosse fiesta « post-apocalypse ». Moi, j’ai pensé à la liberté, à l’amitié, à la famille. Et comme je ne suis pas comme tout le monde, j’ai aussi pensé à Cendrillon et aux douze coups de minuit. Moi qui ai toujours rêvé d’être une princesse.

PS : me concernant, je suis rentrée avec le prince et j’ai encore mes deux chaussures.  

Sans rancune,

La rédac’ en basket