Journal d'une confinée

Journal d’une confinée #38 : rallumons les étoiles

Jeudi 23 avril

Confinement : J38 // Ressenti : plus d’un mois quand même

@photo libre de droit – Vittorio Staffolani

Cher corona,

C’est le 38ème jour de confinement. 38, trente-huit, thirty-eight, achtunddreißig ! Quand je repense au Jour 1, celui qu’on retient, j’ai l’impression que je pense à l’année dernière. Dire qu’on nous avait dit que ça allait durer quinze jours pour commencer. Et là, on ne sait même plus trop quand ça va finir. Bref, à force de ne pas du tout sortir, je finis par ne plus trop me rappeler à quoi ressemble le coin de ma rue, enfin surtout le morceau de rue que je n’arrive pas à apercevoir de la fenêtre. En effet, mon point de vue se résume en ce moment à tout ce que je vois de ma porte, de ma fenêtre ou de mon jardin. Au-delà : je vois que dalle ! Heureusement que nous avons encore le ciel à observer.

Et oui ce sont les yeux tournés vers le ciel que cette nuit, j’ai veillé. Oui j’ai veillé pour apercevoir les étoiles filantes. D’après la presse locale, la presse nationale, la presse scientifique et le club d’astronomie du coin, on pouvait apercevoir toute la semaine une pluie d’étoiles filantes, une pluie hein, pas une, ou deux, carrément une pluie. En plus, pour une fois qu’une information ne comprenait pas les mots « coronavirus » – « mort » – « confinement » – « déconfinement » et « masques », je me suis dit qu’il ne fallait vraiment pas louper l’évènement.

Bon, d’après eux, c’était facile ! Toute la semaine et tout particulièrement cette nuit-là, il suffit de lever les yeux vers le ciel. Jusque-là, tout va bien. Et cela, entre 23h30 et 5 heures du mat’. Là, ça se corse un peu. Et cela, en direction de la constellation de la Lyre. Là, ça sent clairement le coup foireux. Mais bon, monsieur était motivé, le ciel pour une fois dégagé et y’avait rien à la télé. J’ai donc mis ma grosse veste et attendu sur la terrasse.

Monsieur y était déjà, portable à la main, pour trouver la meilleure orientation vers l’astre de je-ne-sais-plus-trop-quoi. Le nez gelé en l’air, on a quand même trouvé que c’était joli, un ciel de nuit. Tels les rois mages en Galilée, on suivait des yeux surtout l’étoile du Berger. Toujours rien. Visiblement, les mecs ne savent pas ce qu’est une pluie, une bonne grosse drache comme on dit ici. Du coin de l’œil, j’ai vu que le voisin nous observait de sa fenêtre. Il faut avouer qu’on devait avoir l’air de deux débiles dans le noir, au milieu du jardin, à regarder… rien. À ce moment-là, je ne sentais plus mes orteils. Maman me disait, quand j’étais petite, « en avril, ne te découvre pas d’un fil ». Je rajouterais même : « en avril, ne sors pas d’un fil pour regarder ces put**** d’étoiles qui ne filent pas ». J’ai pensé à tous les gens qui demain publieront des images du ciel sur Instagram avec une légende du genre «nuit étoilée, pleins de voeux #bynight #voeu #memepasfroid #coeuraveclesmains ». Tant pis pour les étoiles filantes, j’ai remballé mes vœux et suis partie me coucher. Monsieur, clairement motivé ou insensible au froid à toi de voir, me dit : « on regardera à 5 heures du matin, il paraît qu’on verra mieux ». Bon, je ne sais pas s’il est vraiment parti vérifier, mais ce matin, à mon réveil, il ronflait encore… peut-être le nez dans les étoiles, qui sait ?

La rédac' en basket

hello@laredacenbasket.fr

Comments

Papou & Mamou
24 April 2020 at 13 h 01 min

Dommage !!! ca nous aurait permis de faire des vœux… de déconfinement et du retour à notre vie d’avant, celle qui n’était pas si mal que çà !
> Bravo pour ta prose, qui devient notre bonne étoile chaque jour ! Bizzzz



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