Journal d’une confinée #41 : et si on vivait notre meilleure vie ?
Dimanche 26 avril
Confinement : J41 // Ressenti : beaucoup
Cher corona,
Alors que tout le monde commence à parler du déconfinement (le 11 mai ? le 25 mai ? à Noël ? et pourquoi pas aux calendes grecques ?) et que nous marquons la fin des vacances scolaires, je me suis fait la remarque : et si c’était là maintenant que nous vivions notre meilleure vie ? Quand je dis « on », je parle des confinés, de ceux qui sont contraints de rester à la maison, de ceux qui sortent en s’auto-signant une autorisation de sortie comme celle qu’on avait mineur lors du voyage en Allemagne en CM1… Bref, les confinés, quoi.
Et oui, si on vivait notre meilleure vie ? Parce que le confinement, ça a quand même des avantages, comme :
Vivre tous ensemble, vraiment tous ensemble, ensemble pour de vrai (« c’est vrai ce soir, tu n’as pas ton cours de plongée ! »),
Profiter de sa famille, parler tous ensemble et refaire le monde (un monde idéal qui tourne un peu plus rond !),
Se faire un film en famille, se nicher sous la couette et lire des histoires à n’en plus finir (« c’est la dernière, promis ? »),
Faire rire les enfants, se faire des guilis-guilis et dire des remarques trop choupi’ (vraiment trop choupi’),
Entendre les enfants se chamailler, jouer les surveillantes de cour de récré et avoir surtout envie de se marrer (« on ne dit pas caca boudin à sa petite sœur ! »)
Faire l’école à la maison, montrer qu’il y a les tables de multiplication derrière le cahier de brouillon et inciter sans succès la petite à faire des ronds (pas des carrés, des ronds !)
Vivre à son rythme, trainer en pyjama, ne penser 5 minutes qu’à soi (« maman t’es où ? »),
Voir ses enfants jouer ensemble, grandir et faire des bêtises (surtout des bêtises),
Bosser comme une folle, faire une pause de plusieurs heures, se rendre compte qu’on n’est pas en avance ( et se dire que normalement je suis en vacances !)
Parler avec des gens avec qui on n’imaginait pas parler avant, se faire de nouvelles “copines”, parler longtemps avec les mamans de l’école (et partager un peu de tout, vraiment de tout),
Boire l’apéro, rigoler un peu trop, profiter de ses “potos” (et seulement en visio !)
Oser des tonnes de projets, oser se lancer, prendre le risque de se planter (mais mettre quand même le paquet !)
Finir enfin le frigo, le congélo et le garde-manger (« bizarre le goût de cette boîte de pâté, non ? »),
Prendre le temps de profiter de chaque instant, de ses enfants, de sa maison (« et si aujourd’hui on rangeait le salon ? »)
Se lancer dans des recettes super chouettes, et d’autres un peu moins chouette (« quoi, il est trop cuit le chou-fleur ? »)
Reprendre du temps pour nous, mater de vieilles séries, finir les bonbons et le chocolat de la maison (« y’en a plus t’es sûr ? »)
Réinventer la déco, avoir envie de tout bricoler, repenser le potager (« tu les mets où les plants de tomates ? »)
Détester plier le linge et toujours détester plier le linge (confinement ou pas, on ne change pas),
Aider les enfants à lire les notes de musique, se rendre compte qu’on est nul, trouver qu’elles ont du génie (et se demander où on a rangé sa flûte !?)
Faire des actions solidaires, applaudir les gens utiles et se mettre à créer des visières (et se demander pourquoi on ne sait pas coudre !),
Faire des bonhommes avec du ketchup, se lancer dans du pain maison, des yaourts maison, des brioches maison… (et le maison, c’est trop bon !)
Se rendre compte que certaines personnes nous manquent vraiment (et espérer qu’on se rattrapera après, bientôt !)
Avoir envie de changer le monde, mais ne jamais avoir envie de se remettre au sport (même si mon vélo me fait de l’œil),
Ne plus avoir envie de sortir, avoir surtout peur de sortir (et envoyer monsieur en héros).
Maintenant qu’on parle de déconfinement, je n’ai plus trop envie de retrouver ma vie d’avant.
Et oui, finalement, si on vivait aujourd’hui notre meilleure vie ?